Histoire du château du Burg

Le Burg occupe une position stratégique de surveillance qui verrouille la vallée de la Briance et surveille le carrefour de la Croix du Vert.
Le site fut fortifié au temps des Carolingiens qui ont laissé un nom hérité du dialecte germain : On trouve des ‘Burg” en d’autres lieux du Limousin…comme dans la vallée du Rhin…

La première mention du Burg apparaît en Mai 997 dans le Cartulaire des moines bénédictins d’Uzerche, relatant le don fait à l’abbaye par SENEGONDE, épouse du “senior BECERIAS”, fils d’ERBERT, des revenus de deux “manses” (domaines) sis l’un à la villa Perucia ( Perousse) et l’autre à Burgo (Burg) situes dans la vicairie de Curzac. Nous privilégions Le Burg de Saint Germain à celui de Linard, sans preuves formelles, par intime conviction . Ce don avait pour témoin Le Vicomte ADEMAR de Limoges, MELLISSENDE etc…

Au moyen-Age, le Burg était un fief seigneurial qui comprenait, comme tout fief, la maison du chevalier avec sa réserve, un ou plusieurs domaines exploitées par des métayers et l’indispensable moulin.

Les premiers seigneurs du Burg étaient Géraud et Gauthier DE FRACHET qui, en 1233, rendaient hommage à l’abbaye de Solignac pour le mas de Frachet, hommage renouvelé par Gauthier en 1266. Les FRACHET étaient issus d’une vieille famille limousine originaire de Chalus qui a donné de nombreux hommes d’église ( beaucoup sent enterres à Solignac) et des hommes de guerre. Ils étaient puissants et en cour chez le Vicomte de Limoges qui donna à Pierre de FRACHET, en 1353, la moitié du château de Chalusset construit un siècle plus tôt; l’autre moitie était attribuée à Gérard de MAUMONT.

Nous pensons que la seigneurie du Burg s’appelait ” Le Burg de Frachet” ; à cause du moulin appelé tantôt “moulin du Burg” et tantôt “moulin de Frachet” à la fin du Moyen Age. Elle pouvait s’étendre jusqu’à Cholus et Veyvialle.

Les Frachet, très attachés à l’église, ont certainement contribué à la christianisation de la contrée. II n’y a pas trace de chapelle au Burg mais, dans le village de Frachet, existe une terre appelée “le cimetière” en souvenir d’une ancienne nécropole…prés d’une possible chapelle dont il ne reste aucune trace.

En 1275, les FRACHET, en perte de puissance, vendent leur part du château de Chalusset aux MAUMONT.

Aux 13e et 14e siècle, les PIERRE BUFFIERE , montés en puissance, règnent sur le pays au sud de Limoges. Ils tiennent la baronnie de Magnac dont dépend le Burg. En 1282, Pierre de PIERRE BUFFIERE marie sa fille Seguine avec Ramnulphe d’AUBUSSON sieur de Pontarion et autres lieux. Dans la corbeille de mariage, il lui cède les “manses” de Chaulus, Frachet, Brudieu, Chassagnas et de la paroisse de Saint Germain.

Les années passent… Au 15e siècle, Frachet avec son moulin et vraisemblablement le Burg, sont, par héritage ou vente, propriété de Guillaume, Seigneur des Mureaux qui les afferme à Guillaume Du Bois de Saint Germain.

Etait-il apparente avec le Sire Helie du BOYS, bourgeois et marchand de Limoges qui possédait, entre autres, en 1 551, les domaines du Terrier, du Py et de Lafarge en la paroisse de Vicq, jouxtant Magnac.

Après les guerres de religion, !es grands seigneurs ont perdu une grande partie de leurs biens fonciers au profit des bourgeois de Limoges.

En 1598, les terres de Frachet et le moulin du Burg appartiennent à Jean BOYOL, bourgeois descendant de la famille des BOYOL (alias BOUYOL) bien connus à Limoges.

Lui a succède Guillaume BOUYOL , dit “Sieur du Burg”, mort en 1655, époux de Narde de Cordes. Les terres du Burg étaient assujetties à une rente annuelle et perpétuelle de 15 sols aux religieuses des Allois, à payer solidairement par les tenanciers: Demary dit Pigoulaud, Jean Gay dit Delegue et Louis du Burg. (ADHV 23 H 151)

En 1683-1684, d’après les registres paroissiaux, des MAUMONT et des DENARDOU étaient métayers au Burg.

En 1706 et en 1713, on notait encore la présence des BOYOL à Frachet. En 1721, le château et les terres du Burg sont la propriété de Leonard PETIT, bourgeois et marchand à Limoges. Le métayer, Leonard ANDRIEUX époux de Thérèse CHEZE , habite au rez de chaussée alors que le premier étage est occupe par “le messager”.

En 1743, par héritage, le Burg a échu à la Demoiselle PETIT. Le village compte alors trois faux : le château, occupé par le métayer, Léonard LEGER et deux maisons appartenant à des laboureurs MAZEAU et PEJOU.

Dans les bâtiments dépendant du château: deux granges ·L’une de 5 travées et l’autre de trois, et une étable avait été recensés : 4 bœufs, 6 vaches, 15 brebis, 4 cochons et une chèvre. Sont attenants: un coudert, un jardin et une parcelle dite “la vigne”.

Avant la Révolution, vestige de la féodalité, le Burg relevait, pour la justice, de la Baronnie de Magnac et pour l’Église, de ta paroisse de Saint Germain.

Le 2 septembre 1810, devant Me BOUILLON notaire à Thiviers (24), Louis GRANGER propriétaire demeurant à Paris, vend la terre du Burg en Saint Germain au Sr patrice BUGEAUD de la Piconnerie moyennant la somme de 32 457 F dont quittance est délivrée par M. DELIGNAC notaire à Vicq le 15 Juillet 1811.

Le 5 Décembre 1810 , Jean MEDAS, cultivateur au Burg, cède une maison en ruine, coudert, jardin et chènevière situés au Burg au Sr Patrice BUGEAUD contre un bois de châtaignier et une terre, qui promet d’y faire construire une maison neuve. au lieu dit “le Teillaud “.

Le 10 Octobre 1810, le Sr BUGEAUD achète au Sr Etienne JOUHAUD de la Bachellerie en Saint Germain, deux domaines situés à Cramarigeas moyennant la somme de 40448F Delignac, notaire.

En 1827, le Burg appartient à Patrice BUGEAUD DE LA PICONNERIE , propriétaire, résidant à Magnac au château de Lostende derrière les deux. tours, en face de l’auberge de l’Etang). Le 10 Novembre de cette même année, il fait procédé en l’étude de Me Guillaume Fénelon DELIGNAC, notaire à Vicq, au fermage de ses divers domaines à l’enchère, à la chandelle, au plus offrant.
La réserve de Lostende et la métairie de Peyronnet échoient à Léonard MAZEAU métayer à Peyronnet (jadis le Puy Rounet).

Le 28 Décembre 1827, le preneur du Burg, M. TREUIL, fait dresser un état des lieux par le notaire qui note scrupuleusement tous les défauts et tous les travaux nécessaires. Les bâtiments ont visiblement souffert de négligences et d’un manque d’entretien flagrant

Voici quelques détails :

Le château du Burg comprenait, à l’époque,

  • au rez de chaussée : une cuisine avec deux fenêtres a petits carreaux, où il en manquait quatorze. Le pavé et les portes avaient besoin de réparer. Le salon attenant avait une porte d’entrée double donnant sur les jardins; les papiers sont déchirés en plusieurs points; la cheminée porte une tablette et un encadrement de glace qui a quitté son aplomb…
  • au premier étage, réservé un temps à l’usage des maîtres, la porte fermait à clé; le pavé en briques avait besoin de refaire en plusieurs endroits, le papier se décollait en plusieurs endroits, quelques carreaux manquent aux fenêtres de devant et de derrière; le potager a besoin de réparer et la fenêtre qui l’éclaire est fermée par un contre-vent.
  • sous le toit, il y a deux greniers dont le plancher est ancien ; celui de gauche, destine à recevoir les grains, a une porte qui ferme à clé; celui de droite a une porte avec un simple loquet. La charpente est assez bonne mais la couverture a besoin de “ressuivre “.
  • l’écurie est équipée de crèches et de râteliers avec dix sept anneaux; elle est fermée avec une porte à imposte en mauvaise menuiserie; il manque deux carreaux; le plafond menace de tomber et la couverture a besoin de ressuivre.
  • l’étable des brebis est séparée de celle des taureaux par une cloison de claies en mauvais état qui a besoin de clouer. les têtières sont en mauvais état, le plancher des barges est fait de planches de croûtes et autres bois; la couverture a besoin de quelques tuiles.
  • La maison du colon jouxte l’étable à cochons et le four. Elle est sans étage, couverte de tuiles et possède une cave.
  • Le séchoir, couvert de tuiles, est en assez bon état. dans la cour sont stockés des pièces de bois débité

16 planches de chêne de 6 pieds de long ( env. 2 m) 24 planches de chêne de 10 pieds ( env 3,33 m)

14 planches de chêne de 8 pieds ( env. 2,66) et 300 rayons ( lattes ? )

  • le jardin, en mauvais état de culture, est garni d’arbres fruitiers, en vigne et autres arbres d’ornement. II est fermé partiellement par un mur et par des palissades à claire-voie ou en haies vives qui sont en mauvais état comme les palissades des prés.
  • de toutes les pêcheries qui arrosent les prés, une seule tient l’eau.

Le preneur, Elie TREUIL sera tenu de laisser à sa sortie de bail le cheptel qu’il y aura trouve à savoir: 3 3’00 francs de cheptel vif en bœufs, vaches, cochons, moutons, jument de race et cheptel mort ( charrettes et autre outils) ainsi que 93 brebis, une jument estimée 200 francs ( 280, si elle est pleine); 12 setiers de froment, 18 setiers de seigle, 3 setiers de blé noir et 25 éminaux d’avoine, le tout pour les semences.

En 1830, selon le cadastre napoléonien, le domaine du Burg d’une contenance de 63 ha appartient toujours aux BUGEAUD de Magnac. Il y a toujours deux granges (G 208); • le jardin (G 207) et la chènevière (G 212). Le village compte deux autres corps de bâtiments G 216 et G 218 appartenant à des laboureurs.

Les BUGEAUD garderont le Burg pendant un demi-siècle environ.

lls vendront leur domaine en 1878.

Le Burg en 1832 d’après le cadastre

Cette vente engendre l’éclatement du grand domaine en plusieurs lots.

  • le château, sa réserve et quelques terres sont acquis par M.CAMAILHAC auquel succédera en 1883 Jean TEXIER, gendre, puis en 1899 CHAMPARNAUD, son gendre.
  • Un second lot fut acquis par Louis GOURCEROL, fils de Leonard natif de Glanges et décédé au Burg en 1880, II avait épousé Jeanne CHAMPARNAUD ; il fit bâtir une maison en 1883.
  • Le troisième lot fut acheté par Léonard TEXIER auquel succédera son gendre Léonard BRONDEAU. puis, en 1930, Léonard HILAIRE, gendre.
  • Un quatrième lot fut acquis par Léonard CHATEAU, originaire de Unards, mort au Burg le 2 Mars 1892 à l’âge de quatre vingt deux ans, fils de Leonard et de Marguerite ALPHONSOU. De son mariage avec Marguerite BARTHOUT naquit Antoine qui lui succéda, puis son petit fils qui fit restaurer la maison.

En 1890-93, un événement important est venu troubler le paysage du Burg : la construction de la voie ferrée Limoges-Brive par Uzerche qui passe au pied du village dans une tranchée profonde et l’ampute de terres cultivables. A l’origine, semble-t-il, les ingénieurs avaient prévu de construire un tunnel mais, après un effondrement, on continua en tranchée. Comme celle-ci isolait complètement le village, il fallut prévoir un pont pour assurer les liaisons entre le village et ses terres ainsi qu’avec les bourgades voisines de Saint Germain et de Magnac.

Au cours des travaux, un souterrain partant du château et se dirigeant sers le sud-ouest fut mis au jour. II a disparu. On a découvert aussi un petit affûtoir en forme de pendeloque percé d’un trou, mesurant 30 x 9 x 3 mm ( Collection AUXEMERY)

Selon la légende, des silex et quelques haches en pierres polies auraient été découvertes mais sont dispersées.

Après ce rappel historique des terres du Burg, le groupe s’est rendu au village ou M. DUBOIS et sa fille nous ont présenté le château et nous ont permis la visite des lieux, ce dont nous les remercions vivement.

C’est un grand bâtiment rectangulaire à un étage flanqué au milieu de sa façade ouest d’une tour carrée logeant l’escalier tournant en bois.. L’ensemble est coiffé d’un magnifique toit à quatre pans, couvert de petites tuiles limousines. Au pignon nord se dresse une grande cheminée ouvragée en briques datant du début du 19e siècle.

L’intérieur a été restauré dans les années 1975 et pourvu du confort moderne.

La façade ouest est austère; au pied de la tour nous avons relevé l’exutoire d’anciennes toilettes placées au premier étage. Au rez de chaussée: cuisine, salon, salle a manger équipée d’une cheminée monumentale dont l’âtre été récemment rehaussé pour améliorer le tirage.. On accède à l’étage par un escalier rampant récent, là se tiennent les chambres.

Nous avons visité le grenier en admirant la belle charpente, œuvre de compagnons.. Les chevrons rehaussés sur le sommet du mur permettent la ventilation. On reconnaît bien le grenier qui recevait le blé. •

La façade donnant sur l’est et les jardins est plus ouvragée : porte d’entrée à imposte vitré type 16e siècle protégé par des barreaux de fer. Les chambranles sont en granit taillé avec un chanfrein apparent.. Le bâtiment porte des traces de transformations subies au cours des temps. Le portail de la grange a disparu remplacé par une double porte vitrée mais le linteau en bois a été conservé. Les encadrements des fenêtres sont en pierre taillées. Le toit est égayé par trois lucarnes en bâtière.

Dans ce bâtiment, il n’y pas de sous-sol: ni voûte, ni cave. Sa construction peut dater du 16e siècle. Ce n’est pas à vrai dire un château médiéval. II ne figure pas dans la liste des châteaux du Limousin dressée au début du 18e siècle. Seuls sont cités à St Germain Ies châteaux de Sauvagnac. La Rivière et la Bachelerie.

Le four attenant à la maison est prolongé par un auvent qui rejoint Ie toit d’un petit bâtiment.

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